Nourrir les oiseaux sauvage 3/4: alimentation

L’ALIMENTATION DES OISEAUX SAUVAGES: OPACITÉ ET INCOHÉRENCES ⠀

Quand on nourrit les oiseaux sauvages, on va souvent au plus simple: aliments proposés en supermarché, jardinerie, en ligne et parfois pire: nos restes. Seulement on ne sait rien de leur qualité: il est pratiquement impossible de disposer d’une composition précise au niveau de l’étiquetage en France et il n’existe pas de label en dehors du bio. Certaines marques soutiennent des associations de protection des oiseaux sans que l’on comprenne toujours les modalités de ces partenariats et ne devraient pas justifier un achat. En terme de transparence, le pourcentage des ingrédients entrant dans les compositions sont souvent incomplet voire absent; il manque par exemple le détail des graines incorporées, ce qui peut supposer que la portion des ingrédients est en fait très variable d’un paquet à l’autre. Le pire ce sont les mentions du genre « ingrédients: céréales variées et autres graines ». Je grossis à peine le trait (voir story). Les diverses provenances ne sont pas plus claires: la marque CJ Wildlife / Vivara prétend fournir du local dès que possible (Europe) sans qu’on puisse le vérifier. Je n’ai eu aucun retour de la marque. ⠀

Côté alimentation bio l’offre est anecdotique et extrêmement onéreuse; elle ne concerne que les graines de tournesol. A ma connaissance seules les boutiques LPO et Vivara proposent une ou deux références chacune en bio. Il est tout autant difficile de trouver des graines « type bio » vendues en coopérative / comptoir agricole alors qu’elles sont très intéressantes.

Cela signifie aussi, et c’est grave, que la majorité des graines et autres aliments vendus est probablement issue d’agriculture conventionnelle: cette même agriculture qui détruit les habitats et les sols et pollue en impactant directement les oiseaux, et surtout ceux qui ne visitent jamais les mangeoires (oiseaux « des champs ») dont les populations ne font que chuter depuis des décennies. Les mêmes oiseaux que la majorité des associations cherchent à protéger… ce n’est pas un peu paradoxal? Les boules de graisses peuvent être constituées de graisses végétales issues de palme ou de graisses animales issues du boeuf (suif) ou de porc (saindoux) sans qu’on connaisse les méthodes de fabrication, et sans parler des problèmes éthiques et environnementaux liés à l’élevage? En terme d’environnement, une partie de cette alimentation est très questionnable. Et le consommateur fait aveuglément confiance tandis que d’autres font soner le tiroir-caisse…

LE CAS DES PRODUITS À BASE DE GRAISSE

La graisse utilisée dans les boules et autres pains de graisse fait l’objet d’études depuis plusieurs années et la toute dernière en date (menée à Berlin en milieu urbain sous la direction de Silke Luise Voigt-Heucke, contrairement aux 3 études britanniques) apporte une preuve supplémentaire de la nocivité de ces produits (lipotoxicité) sur la qualité de reproduction des mésanges charbonnières et des mésanges bleues.

On a maintenant la certitude qu’elles contribuent à un déficit d’éclosion de près de la moitié des pontes et les oisillons éclos sont plus grands et plus lourds. On ignore pour l’instant si c’est la qualité de la graisse qui est en cause ou la plus grande quantité de germes présent lors de l’ingestion (ces produits sont très populaires) ou encore le stress de la compétition pour accéder à cet aliment.

Ces études ne font que gratter la surface et ne répondent pas à un grand nombre de questions: il en faudra donc bien plus pour comprendre l’impact du nourrissage. En attendant, le principe de précaution voudrait qu’on abandonne ces produits pour revenir à des aliments plus basiques et les plus proches de ce que peut trouver un oiseau dans la nature: des graines variées donc (mais pas n’importe lesquelles), des oléagineux (dans le Sud les mésanges peuvent se nourrir d’olives) et autres fruits secs ou séchés, des fruits frais et quelques rares céréales.

La bonne nouvelle c’est qu’à part les graines, la plupart de ces aliments peuvent être trouvés en épiceries bio mais ils n’ont pas toujours la côte auprès des oiseaux en comparaison avec les arachides et les produits industriels à base de graisses.

Il sera intéressant d’observer la position que prendront les diverses associations invitant au nourrissage des oiseaux mais également la réaction des marques et distributeurs, si tant est que l’information leur parvienne et qu’ils daignent s’y intéresser… il est en tout cas plus que jamais primordial de communiquer sur le flou entourant la commercialisation et la production de ces aliments. Pourquoi favoriser les oiseaux de milieux urbains et de jardins tout en détruisant l’habitat d’autres oiseaux? (Cela ne vous rappelle rien?) Pourquoi rendre nos villes et jardins stériles et sans intérêt pour la faune (et la flore) de sorte qu’elle devienne dépendante d’apports extérieurs? Je n’ai pas de réponses mais j’espère susciter les réflexions, et peut-être serons-nous alors capables de lettre en place des mesures individuelles comme collectives efficaces pour favoriser l’ensemble de la diversité naturelle de manière adaptée.

Suite et fin de ce dossier dans ma conclusion à venir. On y parlera aussi du «jardin d’oiseau», comme alternative au nourrissage.

AUTRES RESSOURCES

Document PDF de Birdlife.ch – Le nourrissage hivernal

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